L’histoire du chapeau en Haute Vallée de l’Aude
Le chapeau est fabriqué en Haute Vallée de l’Aude de façon industrielle depuis la deuxième moitié du 19ᵉ siècle. L’arrivée de l’électricité et aussi du train vers 1880 ont permis l’industrialisation de la localité et la fabrication du chapeau à grande échelle. Les années 1920/1930 représentent l’âge d’or de la fabrication du chapeau en Haute Vallée de l’Aude. Jusque dans les années 1960/1970, des milliers de personnes travaillaient à fabriquer des chapeaux dans une quinzaine de chapelleries de la région. À partir des années 1970/1980, un long déclin s’installe car le chapeau passe de mode et l’ensemble de la filière textile est anéantie par la délocalisation vers les pays émergents. La dernière chapellerie encore en activité à Montazels, employant une dizaine de salariés, a réussi à perdurer jusqu’en mars 2018. C’est à cette date que le « clap de fin » a retenti.
MontCapel est aujourd’hui l’héritière de cette longue tradition du chapeau en Haute Vallée de l’Aude.
Une légende raconte que ce sont des soldats de l’Armée Royale du régiment de Bugarach qui ont rapporté la technique du feutrage de la laine dans la région, suite à leur affectation en Silésie pendant la guerre de Sept Ans. Les archives montrent en revanche qu’il y avait la présence d’un chapelier à Bugarach trente ans plus tôt, vers 1720.
C’est à la révolution industrielle, dans la deuxième moitié du 19ᵉ siècle, que la fabrication du chapeau à grande échelle voit le jour. L’arrivée de la ligne de chemin de fer en 1878, l’avènement des grandes machines de production et l’utilisation de l’électricité ont contribué au fort développement de cette industrie. Désormais, les matières premières et autres fournitures étaient rapidement acheminées vers la région et les chapeaux fabriqués sur place étaient ensuite exportés dans le monde entier.
La première guerre mondiale a bien affecté la France et, à sa fin, le mot d’ordre était la reconstruction économique. C’est pendant cette période de l’entre-deux guerres que le chapeau dans la Haute Vallée de l’Aude a été à son apogée. Une quinzaine de chapelleries, employant plus de 6.000 personnes, était en activité dans le département. Espéraza, ville voisine, était le deuxième centre mondial pour la fabrication du chapeau et de la cloche (matière première en feutre), le numéro 1 étant Monza en Italie. À cette époque, la production était de l’ordre de 2 millions de chapeaux et 8 millions de cloches par an. En effet, on y voyait quotidiennement sortir des usines, des milliers de chapeaux. À cette époque, le chapeau était un accessoire indispensable, indiquant aussi le statut social de chacun.
La crise économique de 1929 et la deuxième guerre mondiale touchent durement l’industrie chapelière, mais elle réussit à rebondir par la suite pour quelques années. Les chapeliers audois se souviennent douloureusement de la deuxième moitié du 20e siècle. En effet, le port du chapeau est en déclin et le marché du chapeau, par conséquent, en décroissance. S’ajoute à cela la concurrence des pays émergents, laquelle affecte durement les dernières usines audoises. La chapellerie de Montazels a réussi à perdurer jusqu’en mars 2018. Là, où autrefois 600 ouvriers perpétuaient ce savoir-faire, au moment de sa fermeture en 2018, la chapellerie en comptait 9.
L’histoire de MontCapel
L’origine de MontCapel se trouve dans l’acte de transformer la tristesse et le pessimisme en énergie positive au service de la résistance, de l’ambition et de l’action. Fondée en septembre 2019, la coopérative MontCapel a investi un ancien site chapelier de l’Aude avec comme objectif de refabriquer du feutre et des chapeaux en feutre de laine. Grâce aux ouvriers possédant encore un savoir-faire unique sur des machines centenaires, cette chapellerie est la dernière en France capable de fabriquer sa matière première – le feutre en forme de cône spécialement adapté à la fabrication du chapeau.
Ressusciter cette activité, la développer et en faire une entreprise économiquement viable – voilà l’enjeu de la coopérative MontCapel. Après trois ans d’activité, il reste encore beaucoup de chemin à faire, et nous savons que nous sommes sur le bon chemin et voyons très clairement cette destination à laquelle nous aspirons.
Tout commence avec une fermeture
Création de la SCIC
Une coopération fondatrice
Depuis, plus de 250 personnes et entreprises nous ont rejoints pour former un capital de l’ordre de 380.000 €. Cet argent est principalement consacré aux salaires et aux investissements nécessaires pour amorcer l’activité.